Être parti sans argent, un choix parfois incompris.
Fou, inconscient, marginal, rêveur sont les adjectifs qui m’ont souvent été attribués quand j’annonçais que je partirais sans argent vivre cette aventure. Pourtant c’est là un choix bien réfléchi et testé.
L’argent est pour moi une maladie si ça en devient une obsession. Dans cette génération qui est la mienne ou si tu n’as pas une belle voiture, une belle maison, un beau mari, une belle femme, tu n’as pas réussi ta vie. Une génération dans laquelle je n’ai pas trouvé ma place. C’est là ou il était important pour moi de partir sans argent, de prouver, de me prouver que sans argent, on pouvait être heureux et faire un tas de choses. L’idée n’est pas de quémander, loin de là. Des compétences j’en ai, et il ne m’a jamais fallu plus d’une semaine pour trouver du travail.
Alors pourquoi m’obstiner à partir sans argent ?
C’est simple. Habituellement quand tu as faim, tu vas faire tes courses au supermarché, tu sors ta carte bleue et c’est réglé. Pareil pour dormir, un hotel, une chambre d’hôte un camping et le problème est résolu. Un voyage comme ça ne m’intéresse pas. Car le seul truc qui te relie à ton repas, à ton lit, c’est ta carte bleue. Sans le vouloir on en oublierait qu’il y a des Humains derrière tout ça. Plus ça va et moins nous interagissons entre nous, l’homme a même inventé des caisses automatiques … Un exemple parmi tant d’autres.
L’argent, au lieu de nous faciliter la vie, nous rendrait-il esclave ?
La solution était donc là pour moi ! En partant sans argent je me met dans une position délicate où je suis à la merci des gens. Si je veux manger, il me faut aller voir ceux qui ont à manger, si je veux un endroit pour dormir, un lit, un toit, un endroit chaud, pareil. Mais un deuxième facteur est en jeu.
Je ne veux pas demander la charité. Ce serait quelque part trop facile de dire que l’argent nous rend esclave et que dans mon cas, ma solution serait de profiter. J’utilise le mot profiter car dans mon cas je suis capable de faire autre chose, capable de travailler.
Alors à ce moment là, nait une aventure et non un voyage.
Grâce à ce mode de vie, je passe mon temps à chercher et à trouver des solutions, à improviser, à m’adapter.
Je m’arrête dans des restaurants, leur propose de aiguiser leurs couteaux de cuisine, faire la plonge, en échange d’un repas. Je tond la pelouse ou des lamas (véridique ! ) chez les gens qui m’hébergent et j’en passe.
La relation patron employé n’est plus présente dans ces moments. Nous sommes amis, un lien se crée et à ce moment là, nous ne sommes plus que deux personnes contentes d’aider l’autre. Nous sommes totalement égaux.
Être sans argent pousse à être créatif, débrouillard, ce qui au final me permet une chose très importante.
Ne plus voir de problèmes nulle part, mais que des solutions.
Je vous invitent tous à tenter une tel experience si enrichissante. Ne serais-ce qu’une semaine =)
Un exemple de partage
Claude et Joëlle m’invitent à manger chez eux et à y dormir après m’avoir pris en stop. La veille sans le savoir, j’ai survolé leur maison en parapente. Voilà quand préparant le repas avec eux, je m’aperçois que le couteau qu’utilise Claude est cassé. Il me raconte qu’il est dans la famille depuis longtemps et que son état le désole. Alors là !
Je ne pouvais pas laisser passer ça, me voila parti dans le jardin.
Je trouve une hache, une bûche de merisier (cerisier sauvage) et je commence à tailler dans la masse. Claude entre temps, me trouve un ciseau à bois en piteux état. Je le réaffûte et l’utilise pour peaufiner le manche. On se dégote une perceuse pour percer les rivets, je me sers d’une masse comme enclume pour mater les rivets, reste plus qu’un coup de ponçage et go c’est reparti !
Voici le type de partage auquel j’ai affaire, sans parler du savoir transmis tout au long des rencontres.
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